
SANA'A, 25 Avril (SABA)- Sous l'œil complaisant de la communauté internationale, l'Arabie saoudite continue en toute impunité les raids contre le territoire yéménite.
Plus d'un mois depuis le début de l'agression, au 26 mars 2015, l'Arabie saoudite et ses alliés ont décidé de mener des frappes aériennes au Yémen afin de détruire l'armée et l'infrastructure du Yémen.
La coalition américano-saoudienne a bombardé, au cours de cette agression, des unités résidentielles, des hôpitaux, des marchés populaires, des commerces, des mosquées, des maisons, des palais présidentiels, des installations vitales civiles et militaires, des centrales électriques et gazières, des aéroports civils et militaires, des écoles, des stades sportifs, des entrepôts de denrées alimentaires et des usines privés et publics dans les gouvernorats de Sana'a, Saada, Hodeïda, Amran, Hajja, Marib, Al-Jawf, Shabwa, Taïz, Dhamar, Ibb, Aden, Abyan, Lahj, Al-Dhalae, Al-Baidha. Les bombardements visent surtout les civils, première victime de cette guerre atroce.
La coalition interdit l'acheminement de l'aide alimentaire, du carburant, et de toutes les nécessités de vie dans les différents gouvernorats.
A la quatrième semaine de son offensive, la coalition américano-saoudienne a utilisé des armes dangereuses contre la population à Sana'a. Des centaines de citoyens ont été transportés aux hôpitaux de la ville pour des cas d'asphyxie, alors que des appels ont été lancés pour mener une enquête rapide afin de dévoiler la nature des armes utilisées.
Le bilan des morts et des blessés a dépassé la barre des 5430 personnes, dont 115 enfants et 300 femmes. 4 journalistes yéménites figurent parmi les martyrs.
Malgré l'annonce mardi (21 avril) de l'arrêt de l'opération militaire "Tempête décisive", les bombardements semblent continuer au Yémen.
Les experts militaires annoncent que, dans leur offensive contre le Yémen, les Al-e Saoud ont fait usage de différentes armes interdites contenant du phosphore, de l'uranium appauvri et des bombes, extrêmement, puissantes.
Dans un article, paru sur le site d'informations Al-Ahd, le journaliste Ali Ebrahim Matar, traite cette question de l'utilisation de telles armes prohibées, dans l'opération "Tempête décisive". Amin Hatit, militaire à la retraite, se basant sur les images et les vidéos des bombardements saoudiens, au Yémen, a précisé : "Ils ont utilisé trois types de bombes, lors de cette offensive : 1- Les bombes thermobariques, 2- Les bombes chargées d’uranium appauvri, 3- Les bombes au phosphore blanc.
Les effets de ces bombes? Le phosphore blanc est une substance chimique, qui pénètre, à pleine vitesse, dans les cellules de tout corps vivant. Les bombes au phosphore sont comptées parmi les armes chimiques les plus dangereuses. Le phosphore blanc, une fois exposé à l'air, explose, et cause des plaies profondes et fort douloureuses, sur le corps humain, qui peut périr, parfois. L'uranium appauvri s'emploie, pour viser des blindés mobiles. Ces bombes laissent des effets négatifs sur l'environnement et les humains. L'Arabie saoudite a eu recours aux bombes à uranium appauvri, dans ses raids aériens contre le Yémen. Les bombes thermobariques sont les engins explosifs les plus puissants dans leur genre. Ce sont la Russie et les Etats-Unis qui en fabriquent. Cette bombe contient une quantité considérable de matières incendiaires, qui, en contact avec l'oxygène, provoquent de fortes explosions.
Il n'y a pas l'ombre d'un doute que, dans son offensive contre le Yémen, l'Arabie saoudite a commis des crimes de guerre et violé les lois internationales.
Selon M. Hatit, on peut classer les crimes saoudiens, au Yémen, en trois catégories : 1- Crime d'agression contre un autre pays, 2- Génocide collectif, 3- Usage d'armes non conventionnelles.
Au niveau politique:
L'Arabie saoudite a fait l'objet de nombreuses critiques à propos du coût humain des raids, dont celles de Human Rights Watch, qui a demandé jeudi une enquête concernant les crimes de guerre de l'Arabie saoudite au Yémen.
Amnesty International a fait allusion vendredi aux récentes attaques de l'Arabie saoudite contre les zones d'habitation du Yémen, laissant des milliers de morts et de blessés dans leur sillage.
L'ONG a ensuite réclamé l'ouverture d'une enquête sur les crimes de guerre commis par l'armée saoudienne au Yémen.
Au 20 avril, L'ONG Oxfam a affirmé qu'une frappe aérienne menée par l'Arabie saoudite avait touché un de ses entrepôts d'aide humanitaire à Saada.
Dans un communiqué, Grace Ommer, directrice d'Oxfam pour le Yémen, affirme avoir informé la coalition saoudienne des emplacements des bureaux et entrepôts de l'organisation humanitaire. Le site touché, ajoute-t-elle, n'avait aucune valeur militaire. "Il ne renfermait que des stocks humanitaires."
L'Iran, de son côté, a réagi en dénonçant "une démarche dangereuse (…) qui va encore plus compliquer la situation, étendre la crise et faire perdre les chances d'un règlement pacifique des divergences internes au Yémen", a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne à Téhéran.
Au niveau sanitaire:
L'organisation internationale a également lancé une mise en garde contre un effondrement imminent des systèmes de santé et de soins au Yémen.
Ces systèmes sont "en train de se battre pour fonctionner, alors qu'ils font face à des pénuries de plus en plus grandes de médicaments qui sauvent des vies (...), à des interruptions fréquentes des générateurs" et au manque d'électricité pour les alimenter.
Du fait du manque de carburant, le service des ambulanciers est également souvent interrompu.
Les coupures de courant et le manque de carburant menacent d'interrompre la chaîne de froid des vaccins, ce qui laissera des millions d'enfants âgés de moins de cinq ans sans être vaccinés. Cela augmente le risque de maladies contagieuses telles que la rougeole, ou la polio qui a été éradiquée mais qui peut désormais réapparaître, selon l'OMS.
La pénurie d'eau potable entraîne aussi une hausse du risque de diarrhées et d'autres maladies.
"Au cours des quatre dernières semaines, les autorités nationales de surveillance des maladies ont signalé un doublement du nombre des diarrhées hémorragiques chez les enfants de moins de cinq ans, de même qu'une hausse des cas de rougeole et des cas suspects de malaria", indique l'OMS.
Des taux élevés de malnutrition chez les femmes et les enfants de moins de cinq ans ont aussi été signalés, selon le Dr Ahmed Shadoul, représentant de l'OMS au Yémen.
Depuis le début des hostilités, il y a eu une baisse de 40% des consultations journalières dans les centres de santé, ce qui montre que de nombreuses personnes sont incapables de s'y rendre en raison des routes bloquées et des combats de rue.
Les patients et les ambulances ne peuvent circuler sans prendre de risque, selon le personnel de santé de l'OMS au Yémen.
Au niveau humanitaire:
L'ONU et ses partenaires humanitaires ont lancé un appel urgent à une aide internationale de près de 274 millions de dollars pour répondre aux besoins de 7,5 millions d'habitants touchés directement par le conflit.
"Des milliers de familles ont fui leurs maisons en raison des combats et des frappes. Les familles ordinaires ont du mal à accéder aux soins de santé, à l'eau, à la nourriture et au carburant", a prévenu le coordinateur humanitaire, Johannes Van Der Klaauw.
"Les combats et les frappes aériennes de la coalition affectent pratiquement tout le pays", a déclaré le coordinateur humanitaire de l'ONU au Yémen, Johannes Van Der Klaauw, dans une déclaration écrite.
"Le prix à payer par les civils est immense", a-t-il ajouté.
En outre, a souligné M. Van Der Klaauw, plus de 150.000 personnes ont été déplacées à l'intérieur du Yémen par les violences en cours, alors qu'il y avait déjà plus de 300.000 déplacés internes avant la crise actuelle.
La dégradation de la situation humanitaire est telle que l'OMS a lancé le 23 avril une mise en garde contre un effondrement imminent des systèmes de santé et de soins dans le pays.
Déjà, "les cas de diarrhée sanguine, de rougeole et les cas suspects de paludisme ont augmenté", a indiqué M. Van Der Klaauw.
En outre, environ 2 millions d'enfants ne sont plus scolarisés.
Le pays, qui importe habituellement près de 90% de ses denrées alimentaires, manque de tout: nourritures, eau, carburant, électricité...
Aussi, l'ONU, qui avait évacuer son personnel étranger au Yémen, prévoit de le redéployer sur place "ces prochains jours", a annoncé M. Van Der Klaauw.
Selon le décompte publié par l'OMS, les journées les plus meurtrières ont été celles du 20 mars, du 31 mars, du 15 avril et du 20 avril.
Le bilan par région montre que la zone de la capitale Sanaa (ouest) a été la plus meurtrière, avec 209 morts. En outre, 936 personnes y ont été blessées.
Par ailleurs, 191 personnes ont trouvé la mort dans la région d'Aden (sud), ainsi que 145 autres dans la région de Saada (nord).
L'Arabie a interdit vendredi ( 24 avril) à un avion civil iranien, voulant acheminer des aides aux Yéménites, d'atterrir à l'aéroport de Sana'a.
En vérité, cette guerre déclenchée le 26 mars par la coalition, était sans mandat explicite onusien. l'Arabie saoudite a mobilisé plus de 100 000 hommes et 100 bombardiers pour attaquer le pays. La coalition militaire conduite par l'Arabie saoudite comprend également, les Etats-Unis, le Bahreïn, les Émirats arabes unis, la Jordanie, le Koweït, le Maroc, le Qatar, l'Égypte et le Soudan.
Bien que demandée par le président Hadi, l'intervention de l'Arabie saoudite et de ses alliés est illégale en droit international et constitue une agression.
AS/AS
SABA