Quand le Yémen donnait au monde le café


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Agence de Presse Yéménite
Quand le Yémen donnait au monde le café
[22/ Octobre/2019]

 

SANA’A, 13 Oct. (Saba) – Cerises rouges plein les paniers et les caissons, puis grains blancs épluchés, bruns une fois torréfiés et enfin tasses fumantes de breuvage noir, des photos du café dans tous ses états ont éclaté en feu d’artifice sur les comptes Twitter. Sous le hashtag «le café est d’origine yéménite», une campagne a été lancée sur les réseaux sociaux pour célébrer pendant plus d’une semaine la journée internationale du café fixée par l’ONU au 1er octobre. Pour le syndicat des «passionnés du Yémen», l’agence locale de développement des PME et des groupes de cultivateurs et d’intellectuels yéménites à l’origine de cette initiative, il s’agit de rappeler que «le monde entier est redevable au Yémen pour la plus importante boisson de nos temps».

C’est dans les montagnes de la péninsule arabique qu’est apparu, au début du XVe siècle, l’arbuste magique donnant le grain qui réveille tous les matins une grande partie de l’humanité aujourd’hui. Selon une des légendes, c’est un berger qui aurait fait la découverte. Voyant ses chèvres particulièrement sautillantes après avoir avalé des baies rouges, il en a cueilli à son tour et proposé au commerce. La plante s’est vue attribuer le nom arabe «qahwa», dont dérive le mot «café», tandis que dans plusieurs pays arabes on appelle les grains brûlés «bun», qui signifie «brun» en arabe. Les premières expéditions de café ont commencé depuis le port yéménite d’Al-Mukha sur la mer Rouge, devenu le centre du commerce mondial du café, qui a donné son nom au moka, l’une des variétés les plus prisées du grain. «Le moka est d’origine yéménite» est d’ailleurs une variante adoptée par la campagne sur les réseaux sociaux.

Le café contre le khat
«Plus de 1 million de Yéménites travaillent encore dans le café, selon le ministère de l’Agriculture et sa culture assure un revenu à de nombreuses familles», signale le site d’information yéménite Al-Mushashid. La culture du caféier au Yémen a repris ces dernières années après avoir considérablement reculé depuis des décennies au profit du khat. Cette plante narcotique à laquelle des millions de Yéménites sont accros pousse dans les mêmes endroits et les mêmes conditions climatiques que le café, à des hauteurs entre 1 000 et 1 700 mètres d’altitude. Mais nombre de Yéménites appellent aujourd’hui à la revanche du café. «Si l’on arrachait les plants de khat maléfiques pour le remplacer par le café, le Yémen pourrait sortir du coma», écrit l’un des internautes participant à la campagne.

«Le fruit est mûr dans les champs enchantés […], le café du Yémen, un trésor sur nos arbres […], celui qui te plante ne s’appauvrit ni ne s’avilit jamais.» Ces paroles ont été largement reprises sur Twitter ces derniers jours. Elles ont été écrites par le poète et historien Mathar Al-Aryani dans une chanson du patrimoine populaire yéménite intitulée l’Amour et le Café. Ecrivains, poètes et autres intellectuels yéménites ont mis, ces derniers jours, leurs talents au service de la campagne pour le café. Celui-ci n’a aucun goût d’amertume contrairement aux malheurs qui frappe leur pays, essentiellement présent dans l’actualité par la guerre, la maladie et la misère
Discussion des effets négatifs de l’agression sur le tourisme yéménite