Damas - Saba :
Le bilan des morts dans le gouvernorat d’As-Suwayda, en Syrie, depuis dimanche matin 13 juillet, suite à des affrontements, des exécutions sur le terrain et des bombardements israéliens, s’élève à 638.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme a confirmé la poursuite de l’escalade sécuritaire dans la ville d’As-Suwayda.
Hier le matin, de violents affrontements ont éclaté entre des factions druzes locales et des membres armés de tribus bédouines autour du village de Walgha, à l’ouest de la ville. Ces faits font suite à l'incendie de biens civils appartenant à des druzes dans les villages d'Al-Mazra'a et de Walgha, le jeudi soir et hier le matin, faisant état de morts et de blessés sur le champ de bataille.
Par ailleurs, un témoin oculaire du gouvernorat d'As-Suwayda a confirmé vendredi à l'Observatoire syrien des droits de l'homme que le village de Sahwat al-Khader, dans la campagne d'As-Suwayda, avait été le théâtre de déplacements massifs.
Ce témoin a décrit les conditions de vie des personnes déplacées comme « désespérées », avec une grave pénurie de produits de première nécessité.
Le témoin a noté que les enfants souffrent d'une grave pénurie de lait et que les patients ont un besoin urgent de médicaments. Parallèlement, 70 % des produits de première nécessité ont disparu suite aux vols dans les magasins.
Il a déclaré que des groupes armés d'assaillants pénètrent dans les maisons et menacent les habitants en leur disant : « Soit vous nous rendez votre maison, soit nous vous tuons. » Ils volent ensuite tout le contenu des maisons, y compris les meubles, les matelas, les bijoux et les appareils électroniques.
Il a ajouté que le village avait accueilli des personnes déplacées des villages de Sahwat al-Balata, al-Mazra'a et al-Lubban. Elles sont actuellement hébergées dans des écoles, des sanctuaires religieux, des conseils de femmes et chez certains habitants, et des efforts sont déployés pour leur assurer des produits de première nécessité malgré des conditions difficiles.
Il a qualifié les bombardements de la zone par les combattants tribaux de « hasardeux et barbares », utilisant des armes lourdes et des chars, causant la mort de civils innocents. Il a confirmé que les services internet étaient faibles et que l'électricité était totalement coupée.
Il a également évoqué une attaque contre le domicile d'une femme de la famille Al-Shaarani, dont le fils avait été détenu dans les prisons de l'ancien régime. La femme et ses filles ont été victimes d'agressions verbales et d'insultes, dans un contexte de violations continues.
Il a ajouté : « Les massacres commis ne sont pas différents de ceux perpétrés sur la côte. »
Concernant l'hôpital national de Soueida, le témoin a qualifié la situation de « catastrophique », avec des centaines de corps entassés dans l'hôpital, sans qu'un bilan définitif et précis ne puisse encore être établi en raison du grand nombre de victimes.
Il a noté que, d'après ce qu'il a vu, certains corps étaient habillés d'uniformes militaires, afin de les faire passer pour des vestiges du régime.
Dans ce contexte, l'Observatoire syrien des droits de l'homme s'est dit préoccupé jeudi par le déplacement croissant de familles issues de tribus bédouines arabes dans plusieurs régions du gouvernorat de Soueida. Ce déplacement résulte de l'escalade des tensions entre les communautés locales, qui suscite de vives inquiétudes quant aux violations ou aux attaques que ces familles pourraient subir.
Selon les informations reçues, le déplacement a touché de nombreuses zones et quartiers habités par ces familles, tandis que des sources fiables ont signalé que des hommes armés druzes locaux ont assiégé des quartiers habités par des citoyens issus de tribus bédouines.
Parmi les plus importantes, on trouve : Al-Maqous, Sahwat al-Balata, Al-Mashrab, Al-Zaytouna, Al-Harbi, Al-Shaqrawiya, Al-Barqsha, Al-Mansoura, Nabaa Ara et Al-Mazraa. Leurs habitants vivent dans un climat de panique et d’anxiété, avec le risque d’une escalade vers un conflit sectaire et régional plus vaste.
L’Observatoire souligne que tout ciblage collectif ou systématique d’une composante sociale constitue une grave menace pour l’unité de la société syrienne et accroît le risque de division et de désintégration, à un moment où les Syriens doivent promouvoir les valeurs de cohésion, de réconciliation et de justice, plutôt que les pratiques de vengeance et d’exclusion.
